samedi 26 novembre 2011

Je prends racine de Claire Castillon

IL y a bien longtemps que je n’avais pas dévoré ce genre de livre, qui en le refermant, nous fait regretter de l’avoir lu trop vite et d’en être déjà à la fin. 
Je prends racine est l’histoire d’une jeune secrétaire, la trentaine,  à la recherche d’un grand amour. Grande travailleuse, fille unique couvée par ses parents, Cécile Valette nous raconte son quotidien  de célibataire endurcie.  Elle nous parle de sa solitude pesante et des efforts  qu’elle doit faire pour ne pas se laisser aller. Sa morne existence se résume à son travail, ses cours de gymnastique, les visites de sa filleule et les appels de ses parents. Elle a pour seul compagnie, Brutus son chat, et noie son désespoir dans des achats compulsifs et des accès boulimiques.
Pour combler ce vide affectif, elle se raconte des histoires et s’invente une vie beaucoup plus gaie. Son imagination débordante l’amène à mentir auprès de son entourage pour ne plus à avoir à supporter le regard des autres sur son statut de « vieille jeune fille ».
Le ton est à la fois drôle et cynique,  un agréable paradoxe se dégage avec les souvenirs de la jeune fille, se mêlant à des détails prolifiques de la platitude de son quotidien, où par exemple,  une soirée entre collègues peut prendre une importance démesurée. Et quand Cécile Valette tombe amoureuse, elle  nous dévoile ses pensées et ses espoirs les plus secrets, chacune pouvant se reconnaître dans cette fille un peu trop fleur bleue.
A la fois vif et cruel, tendre et empathique, ce roman met habilement en valeur ces insatisfactions humaines : vouloir paraître plus qu’être, l’éternelle quête du bonheur, la peur face à la solitude.
C’est imagé, touchant et talentueusement bien écrit.

Les extraits : 

" Nous n'avons plus rien à faire ensemble, je gravis la montagne et ils la redescendent déjà. Ils sont passés sur l'autre versant du pic, ils ont disparu. Bien sûr, ils se retournent, mais derrière eux, il y a la roche.Quand à mon tour je passerai sur l'autre versant, ils auront déjà commencé à s'approcher du gouffre." (au sujet de ses parents vieillissants).

"Après tout, je suis une fille qui a mal et qui paye à vie ses éclats de bonheur. Je suis la crampe après un fou rire, la coulée de lave après l'amour, les courbatures après le sport, la peau sèche après le bain de mer. Rien de ce qui me fut délectable ne perdure dans mon corps en vrac. Tout se transforme en venin terne, et me ronge, et me laboure mes cernes."

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