samedi 5 mai 2012

La religieuse - DIDEROT

Suzanne Simonin, sous la pression d’un chantage affectif de sa mère, est contrainte  de prononcer ses vœux au terme de son noviciat. Mais la jeune fille, bien que sincèrement croyante, n’a pas la vocation. Dans la communauté des Clarisses de Longchamp, elle reçoit le soutien de la supérieure de Moni, à qui elle restera attachée bien après sa mort.
C’est avec l’arrivée de la nouvelle supérieure que ses difficultés prendront de l’ampleur. A l’aide de son avocat, la religieuse entreprend des démarches pour rompre ses vœux. Mais la mère supérieur ne l’entend pas cette oreille et décide de lui faire subir un véritable harcèlement physique et morale. Privations, châtiments, humiliations, et exclusion,  les pires sévices lui sont infligés par la communauté toute entière.
Malgré la perte de son procès, elle obtient son transfert au couvent Sainte-Eutrope. La nouvelle supérieure, d’une frivolité et d’une sensualité exacerbée,  tente de la séduire par tous les moyens, en nouant des relations ambiguës avec elle. Profitant de son innocence et de sa chasteté, elle ira même jusqu’à l’initier aux plaisirs de la chair. Mais devant les réticences de sœur Suzanne, la supérieur tombe dans la folie et en meurt.
Epuisée moralement, Suzanne s’enfuit du couvent. 
Ce récit, sous forme de mémoires, écrit à la 1ère personne, s’adresse au marquis de Croismare dont  la jeune religieuse sollicite l’aide. A la fin de l’histoire, on comprend que Suzanne vit dans la clandestinité.
L’univers confiné du cloître accentue l’ambiance kafkaïenne des aventures de cette religieuse. La sérénité de vie monacale laisse place aux dérives incompréhensibles d’une communauté. C’est également avec un certain humour, que l’auteur dépeint les mœurs légères de la dernière supérieure face à la naïveté de Suzanne. L’œuvre de Diderot dénonce la vocation religieuse dans ses excès et défend la liberté des choix de chacun. 




Un témoignage plus récent et similaire : 



Il y a quelques années, Marie Rousseau entre au couvent. Elle a choisi de vivre cloîtrée, chez les clarisses, ordre contemplatif fondé par sainte Claire et saint François d'Assise.
La pauvreté, le froid, les durs travaux, les privations et même les brimades injustifiées, elle les accepte. Elle prie et obéit à la règle. Pourtant, malgré les indéniables côtés lumineux de sa nouvelle vie, Marie ne peut en admettre la face d'ombre. Pourquoi ne l'autorise-t-on pas à étudier la théologie ? Pourquoi ces pratiques de mortification comme l'auto flagellation ? Comment se résigner devant l'hypocrisie ou, pis, le manque de charité dont l'abbesse, elle-même, incarne parfois des exemples atterrants ? Marie lutte, tente de discuter, souffre. Et pour finir décide, au terme de deux ans, de revenir à la vie profane. Amour et cruauté, foi et pharisianisme, intelligence et obéissance aveugle, Marie Rousseau nous raconte l'un et l'autre d'un ton mesuré, avec la volonté dé comprendre, jamais celle d'accabler. Et l'on se demande à la lire si, hors les vocations forcées, les choses ont changé depuis les siècles passés.

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